"LES POMPES À CHALEUR HYBRIDES NE SONT PAS LA SOLUTION"

LE DIRECTEUR DE CTC, BRUNO HAEMERS, DÉNONCE LA PROMOTION DES ÉNERGIES FOSSILES

Le fait que dans le débat sur l'énergie, certaines voix préconisent encore des installations hybrides - combinant une chaudière traditionnelle et une pompe à chaleur - ne plaît pas à Bruno Haemers, directeur de CTC. "Les combustibles fossiles doivent être complètement éliminés, nous le savons."

MARCHÉ DES POMPES À CHALEUR

"Il est vrai que la croissance rapide du marché des pompes à chaleur s'est arrêtée", déclare Bruno Haemers. "L'urgence d'abandonner le gaz (russe) a quelque peu diminué et les prix de l'énergie se sont à nouveau stabilisés. Certains fabricants de chauffage préconisent donc les pompes à chaleur hybrides comme une sorte de solution pragmatique: ce serait une bonne solution intermédiaire pour les personnes dont les maisons ne sont pas encore totalement isolées ou équipées de systèmes de distribution de chaleur suffisants."

"Dans les projets de rénovation, on décide trop rapidement qu'une pompe à chaleur n'est pas envisageable. Les études montrent qu'aujourd'hui, une maison sur deux en Belgique est prête à recevoir une pompe à chaleur"

"Dans les projets de rénovation, on décide trop rapidement qu'une pompe à chaleur n'est pas envisageable. Or, les études montrent qu'aujourd'hui, une maison sur deux en Belgique est prête à recevoir une pompe à chaleur. Il y a encore trop de malentendus sur les possibilités du chauffage électrique. Les pompes à chaleur à haute température utilisant le propane (R290) comme réfrigérant, par exemple, deviennent également de plus en plus efficaces - toute pompe à chaleur est d'ailleurs plus efficace qu'une chaudière."

LA POLITIQUE DOIT INTERVENIR

Toutefois, selon Haemers, il faut que quelque chose change avant que notre pays ne puisse passer massivement à la pompe à chaleur, à savoir: le rapport de prix entre les combustibles fossiles et l'électricité. "Ce rapport est aujourd'hui de 3,7. Cela signifie qu'il est 3,7 fois plus cher de chauffer à l'électricité qu'au gaz. Avec cela, nous nous trouvons presque en queue de peloton européen."

"Même les gains d'efficacité d'une pompe à chaleur par rapport à une chaudière à gaz ne peuvent pas combler cet énorme écart de prix. Lorsque le prix du gaz est monté en flèche pendant la pandémie, il y a eu une ruée sur les pompes à chaleur. Cela montre que les gens veulent investir dans le chauffage durable, mais la politique doit être adaptée en conséquence."

"Nous savons que nous devons nous affranchir des combustibles fossiles dès que possible. D'ici 2050, nous devrons tous nous chauffer à l'aide d'énergies renouvelables et l'électrification deviendra la technologie la plus importante dans ce domaine. Je pense donc que nous devons nous orienter vers le principe du pollueur-payeur. Un trax shift est inévitable."

"En considérant l'hybride comme une solution intermédiaire, la perception demeure que nous pouvons continuer à nous chauffer avec des combustibles fossiles. Or, une installation de chauffage n'est pas un investissement à court terme: les gens ne renouvellent leur installation que tous les 15-20 ans. En promouvant les installations hybrides, nous perdons donc un temps précieux. Un luxe que nous nous offrons mais que nous n'avons pas en réalité!"

RÉDUIRE LA CONSOMMATION DE 50 À 70% EST INSUFFISANT

"Selon les études, une solution hybride consomme 50 à 70% de gaz en moins. C'est un pas dans la bonne direction, mais c'est totalement insuffisant. Si nous voulons lutter contre le changement climatique, nous devons être beaucoup plus ambitieux et ne pas nous contenter d'une réduction inférieure à 100%."

"Mais trop de doutes injustifiés subsistent également en termes d'efficacité. Sur le plan énergétique, une pompe à chaleur consomme environ 3 à 5 fois moins d'énergie qu'une chaudière à gaz. Et même lorsque les températures extérieures sont extrêmement basses (jusqu'à -22°C), on obtient des COP de 2, en fonction de la pompe à chaleur. Il est grand temps que nous regardions nos collègues scandinaves et que nous en tirions les bonnes conclusions."

COÛT SOCIAL

"Ce dont on parle peu, c'est du coût social des solutions hybrides. Celui-ci continue d'augmenter systématiquement en raison de l'utilisation de combustibles fossiles: des mesures coûteuses doivent être prises pour contrer les effets du changement climatique, alors que trop peu d'actions sont entreprises à la source des problèmes. C'est un cercle vicieux: il n'est pas possible de passer à l'énergie sans fossile si l'on continue à soutenir systématiquement l'énergie fossile."

"Le marché du chauffage est un vaste marché aux multiples facettes et, par conséquent, la production commerciale et les intérêts commerciaux entrent en jeu, je le comprends. Mais sur le plan social, chaque jour où nous dépendons encore des combustibles fossiles est un jour perdu."

"Personne aujourd'hui ne peut imaginer que nous nous chauffions autrefois au charbon. Eh bien, nous devons aller dans cette direction avec le gaz et le mazout également"

"Le marché des pompes à chaleur a besoin d'un nouvel élan, c'est vrai. Mais la promotion des solutions hybrides n'est pas la solution. Nous savons que nous sommes sur la voie de la neutralité climatique, alors prenons les bonnes décisions pour y parvenir le plus rapidement possible."

"Personne aujourd'hui ne peut imaginer que nous chauffions autrefois au charbon. Eh bien, nous devons nous engager dans cette voie avec le gaz et le mazout également. La Suède, pays d'origine de CTC, a prouvé que c'était possible. Depuis la crise pétrolière des années 1980, elle a résolument choisi d'abandonner progressivement les combustibles fossiles et de développer les énergies renouvelables. Ainsi, les bases solides de l'électrification ont été posées immédiatement."

"Le train de l'énergie est en marche depuis longtemps, mais nous pouvons encore sauter dedans. Assurons-nous de le faire maintenant."