- 06 août 2024
- | Source: Sanilec
"La pompe à chaleur hybride donne un nouveau souffle à la transition énergétique"
La commission de régulation de l'électricité et du gaz, la CREG, s'est récemment exprimée très clairement sur le sujet: une pompe à chaleur n'est pas rentable. Cela est dû en partie au prix de l'électricité, qui est si élevé que l'achat d'une pompe à chaleur est difficile à récupérer par rapport au coût des sources d'énergie fossiles. C'est problématique du point de vue de la durabilité, mais il existe une solution, affirme Yves Vanpoucke. Le business development director de Remeha Belgique explique.
Nous voulons avancer trop vite
Il n'y a pas si longtemps, le marché des pompes à chaleur semblait en plein essor, avec une demande tellement énorme des consommateurs que les fabricants n'arrivaient (quasiment) pas à suivre. Stimulée, bien sûr, par la crise du corona, qui a amené les ménages à thésauriser, et par la flambée des prix du gaz russe, qui a incité à rechercher d'autres sources d'énergie.
Cela a duré jusqu'à l'automne dernier... Le train était bien lancé, mais le freinage fut puissant. Les fabricants ont vu leurs ventes chuter de 60% depuis lors. La catégorie de personnes à deux revenus pouvant s'offrir une pompe à chaleur semble désormais vide. Le marché est revenu à la case départ, estime Vanpoucke.
"Le problème est que dans la transition énergétique, nous voulons avancer trop vite: passer d'un coup des énergies fossiles au 100% électrique. C'est possible avec les nouvelles constructions, car en termes d'efficacité énergétique, on peut alors créer les conditions idéales pour installer une pompe à chaleur. Malheureusement, nous n'y parviendrons pas uniquement avec les nouveaux bâtiments. Nous devrons également nous pencher sur les rénovations afin de poursuivre l'élimination progressive du chauffage fossile et de satisfaire aux conditions européennes 'Fit For 55'."
"Pas une vision à long terme"
Le fait est que les rénovations nécessitent souvent un si gros investissement dans l'isolation de la maison qu'il n'y a plus de budget pour acheter une pompe à chaleur. La plupart des personnes qui peuvent se le permettre ont déjà fait cet investissement, remarque Vanpoucke.
"En outre, la politique du gouvernement est incohérente. Les gens ne savent pas ce qu'on attend d'eux en termes de législation et de réglementation en ce qui concerne l'isolation et la durabilité des maisons. Il n'y a pas de vision à long terme. Si l'on ajoute à cela le fait que le rapport entre le prix de l'électricité et celui du gaz ne risque pas de s'améliorer pour l'instant, il est clair que rien n'incite à l'achat d'une pompe à chaleur."
Vanpoucke préconise une étape intermédiaire sous la forme de pompes à chaleur hybrides. La grande majorité des chaudières fossiles peuvent être converties en un système hybride. C'est surtout pendant l'entre-saison que l'on peut profiter des avantages d'une pompe à chaleur. Des études montrent qu'une solution hybride permet de réduire la consommation de gaz d'au moins 60%, ce qui réduit les émissions de CO2. Cela nous rapprochera des objectifs climatiques.
Mettre en place des subventions publiques
Vanpoucke: "Grâce à la solution hybride, les gens disposent toujours d'une chaudière à gaz ou à mazout et ont le temps d'isoler petit à petit. D'abord les fenêtres, puis les murs extérieurs, par exemple, au lieu de tout isoler immédiatement. De plus, contrairement aux nouvelles constructions, les maisons rénovées sont déjà raccordées au réseau de mazout ou de gaz, les conditions pour une solution hybride sont donc idéales."
Mais cet investissement a aussi un prix élevé. Selon la CREG, une pompe à chaleur coûte au moins 7.500 euros, alors qu'une chaudière à gaz est plusieurs milliers d'euros moins chère. Vanpoucke propose donc de mettre en place des subventions publiques pour encourager l'investissement dans les systèmes hybrides. Le directeur de Remeha Belgique estime que l'investissement dans une pompe à chaleur devrait rester accessible à un plus grand nombre de personnes, moyennant une certaine subvention.
"Si notre pays ne répond pas aux normes européennes en matière d'émissions de CO2, nous devrons acheter des certificats à l'étranger. Le subventionnement fait donc gagner de l'argent au gouvernement plutôt que de lui en coûter. Et d'ailleurs, à quoi préféreriez-vous consacrer cet argent? À une amende pour continuer à émettre ou à la durabilité?"
Selon Vanpoucke, le message à faire passer à tout le monde est que la question du climat concerne la réduction des émissions, et non la consommation d'énergie. "Beaucoup disent qu'une pompe à chaleur est la solution, mais même une pompe à chaleur a besoin d'énergie. Je soutiens fermement la transition énergétique, mais il ne faut pas aller trop vite en besogne. Effectuons les changements pas à pas."