- 27 mars 2018
- | 8 min. temps de lecture
- | Source: Pumptechnics
LES FABRICANTS DE POMPES SONT PRETS POUR INDUSTRIE 4.0, IL RESTE LE MARCHE
Revirement du secteur conservateur
Industrie 4.0 n’est plus un engouement aujourd’hui. Même dans le secteur des pompes, qui n’a pas pour tradition d’apprécier beaucoup le changement, on prend de plus en plus conscience que les pompes intelligentes peuvent nettement contribuer à l’efficacité et à la productivité. Nous avons écouté attentivement les propos de Marc Herman, managing director chez KSB Belgium.
QUI EST MARC HERMAN?
Marc Herman est Ingénieur Civil en Electromécanique avec une spécialisation dans la dynamique des fluides. Il a étudié à l’Ecole Supérieure Polytechnique de la Vrije Universiteit Brussel. Ensuite, il a décidé de compléter sa formation par un Executive Master in Management à la Solvay Business School. Depuis novembre 2011, il travaille chez KSB Belgium comme managing director de KSB Service Belgium et depuis juin 2016, comme managing director de KSB Belgium. Il est responsable des deux entreprises, du déploiement et de l‘introduction de la nouvelle stratégie commerciale.
PRODUCTION SUR MESURE
La quatrième révolution industrielle, au sein de laquelle les systèmes sont interconnectés par l’internet et communiquent mutuellement, a été initiée il y a quelques années déjà. Au niveau mondial, nous voyons des usines devenir plus intelligentes sous l’impulsion d’une technologie numérique innovante et de l’internet des objets. “Ceci est la conséquence de la demande changeante du marché en faveur de produits personnalisés”, déclare Marc Herman. “Les clients veulent un produit personnalisé et de préférence le plus vite possible. Les entreprises en général doivent s’organiser pour diffuser parmi les clients des produits sur mesure en un temps record. Si vous voulez fabriquer des produits sur mesure, vous avez besoin d’outils de production flexibles pour pouvoir livrer rapidement. Ceci a semé les germes de l’industrie 4.0.”
DEMANDE DE PROCESSUS DE PRODUCTION INTELLIGENTS
Avant, une installation devait pouvoir tourner durant trente ans. Aujourd’hui, nous voyons qu’une nouvelle installation doit être remboursée dans les cinq à huit ans. De nouveaux modèles se succèdent de plus en plus vite dans le secteur automobile. Les systèmes de production doivent être flexibles et maniables.
Niveau 1: Processus de production intelligents
“Industrie 4.0 a trois niveaux”, dixit Marc Herman. “Au premier niveau, vous avez les processus de production intelligents. En cessant de centraliser l’intelligence d’un système de production dans un système de gestion, mais en la déplaçant vers les différentes machines de l’installation, ces machines peuvent poser d’elles-mêmes des diagnostics et communiquer l’une avec l’autre sur les éventuels problèmes, manques de matières premières, temps de passage, etc. Nous évoluons ainsi vers des systèmes intelligents capables d’interpréter, de communiquer et de décider de façon autonome.”
Niveau 2: Communication
Le second niveau d’Industrie 4.0 concerne, d’après Marc Herman, la communication avec le monde externe. Dans le contexte digital actuel, la communication s’opère de plus en plus via des canaux digitaux. Un grand défi pour les entreprises de production. Elles doivent se demander quels outils elles veulent donner à leurs clients pour une communication rapide et efficace. Aujourd’hui, les clients s’attendent à pouvoir commander en ligne et aussi tracer en ligne la livraison, qui doit être très rapide. Les canaux de discussion et les chatbots automatiques sont aussi de plus en plus adoptés.
Niveau 3: Aperçu via ERP
Le troisième niveau d’Industrie 4.0 aborde la question de savoir comment gérer les deux niveaux précédents. “Les systèmes ERP de demain doivent être adaptés afin de pouvoir communiquer avec les machines autonomes dans la production. De plus, ces systèmes doivent pouvoir gérer les clients qui demandent par le biais de nouveaux canaux de communication, tels qu’un webshop ou un outil de configuration en ligne, des produits spécifiques personnalisés. Les systèmes de gestion de stock du futur doivent soutenir le business model engineer-to-order moderne en vertu duquel un matériau brut de stock devient un produit fini sur mesure.”
INDUSTRIE 4.0 DANS LE SECTEUR DES POMPES EN QUATRE PHASES
Phase 1: Technologie de capteur
Marc Herman: “Je distingue quatre étapes dans l’implémentation d’Industrie 4.0 dans le secteur des pompes. Dans la première étape, les capteurs de pression, de température, de débit et autres sont engagés pour mesurer les différents paramètres de fonctionnement. Ceux-ci procurent des informations importantes en vue de la maintenance et du bon fonctionnement de la pompe. Si, par exemple, un élément s’échauffe trop, ceci est détecté par la sonde de température. Cette information est transmise au technicien de maintenance qui doit interpréter ces données et peut contrôler l’installation sur cette base. Cette forme d’entretien prédictif évite les dégâts à l’installation et dès lors aussi les réparations coûteuses et les longs arrêts. La réparation la moins chère est celle qui ne doit pas être faite.”
Phase 2: Machines intelligentes
Dans la seconde étape, Marc Herman voit les installations devenir encore plus intelligentes. Les machines intelligentes peuvent poser elles-mêmes un diagnostic sur la base des informations de capteur. Le système donne quelques pistes au technicien de maintenance qui les étudie, et entreprend les actions requises sur cette base.
Phase 3: Correction automatique
Dans la troisième étape, l’autodiagnostic est étendu par des modifications de processus automatiques. “Nous le voyons déjà aujourd’hui dans certains systèmes de production avancés”, raconte Marc Herman. “Une machine détecte par exemple un manque de pièces pour pouvoir produire. La machine s’arrête automatiquement et envoie un message aux personnes de la gestion de stock pour indiquer que de nouvelles pièces sont nécessaires. La mission provenant de la machine doit encore être validée par des personnes. Quand le stock est reconstitué, un collaborateur peut redémarrer la machine.”
Phase 4: Automatisation totale
La quatrième étape est la phase de l’automatisation totale qui rend totalement superflue l’interaction humaine. De telles installations sont capables de s’autodiagnostiquer et de résoudre d’éventuels problèmes. Ce genre de technologie reste actuellement limité aux études et aux recherches.
CHANGEMENT DE MENTALITE REQUIS
Le secteur des pompes plutôt conservateur
Dans certains secteurs, on est déjà parvenu à la phase trois telle que décrite. Cependant, le secteur des pompes se situe quelque part entre la phase un et la phase deux. Le secteur des pompes est une industrie plutôt conservatrice qui aborde ce genre de renouvellement avec prudence. Le concept Industrie 4.0 n’inspire pas confiance à bon nombre de personnes du secteur. La possibilité d’échange d’informations sur le fonctionnement d’une installation est considérée comme une menace.
Marc Herman explique: “Chaque pompe est dimensionnée pour fonctionner dans une certaine limite inférieure et supérieure autour du point de fonctionnement optimal. Si la pompe n’est pas utilisée dans la zone entre le débit minimal et maximal, ceci peut causer des dommages. Une pompe intelligente peut retenir si la pompe a toujours fonctionné dans les limites admises. Les utilisateurs redoutent que les fabricants utilisent les données du fonctionnement d’une pompe, lues automatiquement, pour contourner les obligations de garantie. Cette crainte est étrange, parce que cette technologie est aussi intégrée dans nos voitures sans susciter le moindre problème.”
"Les utilisateurs redoutent que les fabricants utilisent les données du fonctionnement d’une pompe, lues automatiquement, pour contourner les obligations de garantie. Cette crainte est étrange, parce que cette technologie est aussi intégrée dans nos voitures sans susciter le moindre problème."
Les avantages des systèmes intelligents
Le secteur des pompes a besoin d’un changement de mentalité. En effet, Industrie 4.0 a pas mal à offrir. Les systèmes intelligents peuvent déceler les problèmes à un stade précoce, ce qui évite les dégâts à l’installation. Ceci permet d’économiser les coûts de réparation et de limiter aussi l’arrêt des machines cruciales. En matière d’efficacité énergétique également, un rôle important est dévolu aux systèmes intelligents qui communiquent entre eux.
“Bien que l’efficacité énergétique soit un sujet brûlant, nous voyons que tout le monde ne s’en soucie pas. Souvent, les personnes qui sont responsables des achats, ne sont pas les mêmes que celles en charge de l’utilisation et de l’entretien des pompes. Trop souvent, le choix se porte sur les solutions les moins chères, qui ne sont souvent pas les systèmes les plus efficaces en énergie. Les entreprises qui choisissent bel et bien une solution sensible à l’énergie, ne regardent pas seulement le prix d’achat. Elles tiennent compte de la consommation d’énergie et des frais d’entretien sur une période de plusieurs années. A long terme, le coût total d’un système efficace en énergie est toujours plus faible.”
APPLI SONOLYZER
A l’aide d’un algorithme unique, Sonolyzer peut mesurer la fréquence sonore des moteurs, afin de vérifier si l’efficacité de la pompe centrifuge est perturbée. Pour cela, il suffit de tenir le smartphone devant l’installation après l’introduction de la puissance du moteur, du régime nominal, de la hauteur de refoulement et du débit de la pompe. Ensuite, les sons ambiants éventuels sont filtrés. Dans le cas où l’on veut donner suite à la mesure, les résultats de mesure peuvent être très facilement transmis à un partenaire, en vue d’une analyse d’efficacité plus détaillée..
LE ROLE DES FABRICANTS DE POMPES
Proposer des solutions intelligentes
Marc Herman: “Depuis l’année 2000, nous avons commercialisé un certain nombre de solutions intelligentes. Il y a plus de quinze ans, nous avons lancé le PumpExpert qui surveille tous les paramètres pertinents et prévoit différentes possibilités d’automatisation et de contrôle à distance. Initialement, le prix du PumpExpert était trop élevé par rapport au prix du système de pompe et cette solution n’a pas été un succès. Plus tard, nous avons lancé sur le marché le PumpMeter. Cet appareil mesure le point de fonctionnement de la pompe et règle la vitesse de rotation de la pompe sur la base de cette mesure. Ce produit intelligent agit de façon autonome et fait réagir l’installation à la demande changeante du réseau.”
L’appli Sonolyzer est aussi une manière efficace et intelligente d’optimiser le fonctionnement d’une pompe. Avec cette appli gratuite, on peut mesurer la fréquence sonore de la pompe en quelques secondes et évaluer les possibilités d’économie d’énergie.
Optimiser la stratégie de maintenance
”Toutes ces solutions ont pour but de faire fonctionner la pompe de la façon la plus optimale possible. D’une part en effectuant de petites corrections et d’autre part en collectant efficacement l’information sur le fonctionnement de la pompe. Ceci permet de planifier un entretien prédictif pour éviter d’endommager la pompe. Au fil des années, nous avons appris que nous devons nous focaliser sur le développement de composants dont le prix est en relation avec le prix de la machine. C’est la seule manière de convaincre les utilisateurs de rejoindre le récit. L’état de la technologie actuelle et ses baisses de prix permanentes le permettent aussi de plus en plus. L’émergence de la technologie cloud et 4G permet aussi le développement de solutions intelligentes bon marché.”
“Nous voulons montrer que nous sommes prêts à nous lancer dans l’Industrie 4.0."
Jouer le rôle de précurseur
En tant que fabricant de pompes pionnier, KSB estime que sa tâche consiste à stimuler le marché et d’être à la base du changement de mentalité indispensable. ”Nous voulons montrer que nous sommes prêts à nous lancer dans l’Industrie 4.0.
Nous essayons aussi d’innover intelligemment dans notre interaction avec le client. Sur notre webshop, vous pouvez sélectionner et commander la bonne pompe ou la bonne pièce détachée sur la base d’un questionnaire. En interne aussi, nous préparons nos processus et systèmes internes à l’avenir. Nous voulons offrir à nos clients encore plus de possibilités de configuration de produit et également écourter drastiquement notre délai de production et de livraison.
Il serait possible que nous ne vendions plus certaines pièces détachées à l’avenir et qu’à la place, nous mettions à la disposition du client un fichier dessin pendant une journée. On serait ainsi en mesure de produire la pièce détachée requise sur une imprimante 3D. Nous sommes prêts pour Industrie 4.0, il reste le marché!”